Marseille : découverte d’un sixième corps dans les ruines de l’immeuble écroulé, les fouilles continuent

0
1276

Près de deux jours après l’explosion, six cadavres ont été retrouvés, alors que deux individus sont toujours portés disparus. “Tant qu’il y a de l’espoir [de] retrouver des rescapés, nous ne cesserons pas”, avait déclaré auparavant le maire de la ville, Benoît Payan.

Poursuivre les investigations, “inlassablement”, pour tenter de dénicher des survivants. Quasiment quarante-huit heures après la déflagration ayant détruit un immeuble situé rue de Tivoli (5e arr.) à Marseille, deux personnes demeurent portées disparues ce lundi 10 avril, tandis que les secouristes ont retrouvé six corps sans vie.

Au cours d’une conférence de presse tenue tôt le matin, le maire de Marseille, Benoît Payan, a précisé que les deux premiers avaient été “extraits [des débris] quelques heures” après leur localisation, un peu avant minuit dimanche, à la suite d’un “travail d’extraction difficile” en raison de l’incendie persistant sous les décombres. En fin de matinée, le parquet de Marseille a ensuite confirmé “la découverte d’un troisième corps extrait des décombres”, avant que le ministre de la ville, Olivier Klein, qui s’est rendu sur place à la mi-journée, et les marins-pompiers, confirment qu’un quatrième corps avait été découvert.

Lundi soir, les marins-pompiers et le parquet ont annoncé qu’un cinquième puis un sixième corps avaient été trouvés.

Les sauveteurs poursuivent leur labeur, aidés de chiens, de drones et de capteurs thermiques. Au total, plus de 500 mètres cubes de débris ont déjà été évacués, provenant du 17 mais également du 15 rue de Tivoli, effondré quelques heures après l’explosion dimanche, après avoir été entièrement évacué.

Lundi matin, M. Payan avait assuré que “toute la nuit, les marins-pompiers de Marseille ont poursuivi le travail ardu et difficile de recherche d’éventuelles victimes encore en vie. Et, aujourd’hui encore, nous allons continuer ce travail sans cesse et inlassablement”, précisant que “le dispositif reste inchangé” avec “plus d’une centaine de pompiers sur place”, et un accueil des familles des victimes et personnes délogées. Saluant le travail éprouvant des secours, qui évacuent les décombres “pierre par pierre”, M. Payan a déclaré :

à ne pas manquer  Marseille face aux effondrements d'immeubles : Lionel Mathieu, amiral des marins-pompiers, rassure sur l'évolution de la situation

“Il subsiste de l’espoir et tant qu’il y a de l’espoir [de] retrouver des survivants, nous ne nous arrêterons pas.”

L’identification des corps en cours

L’explosion de l’immeuble, “d’une extrême violence” selon la procureure de Marseille, Dominique Laurens, s’est produite à 0 h 46 dans la nuit de samedi à dimanche, comme en témoignent les caméras de surveillance qui l’ont enregistrée. Le 17, rue de Tivoli, immeuble abritant cinq appartements dans un quartier plutôt résidentiel du centre-ville, a été totalement détruit.

Huit personnes, résidant dans l’immeuble et “ne répondant pas aux appels” de leurs proches, étaient portées disparues depuis l’effondrement de l’immeuble : deux d’entre elles sont donc toujours recherchées. Ces huit disparus sont “des personnes d’un certain âge et un jeune couple d’une trentaine d’années”.

Aucun enfant ni mineur n’est concerné, a précisé dimanche la procureure.

Aucun des corps des victimes retrouvées lors de ces recherches n’a pour l’instant été identifié. Benoît Payan a annoncé lundi matin que les travaux de la police judiciaire et des services médicaux étaient en cours. “Peut-être que, dans l’après-midi, [ou] d’ici demain matin, nous aurons une identification précise”, a-t-il avancé.

La procureure et le maire de la ville avaient également mentionné dimanche une éventuelle neuvième personne portée disparue, “au niveau du 19, rue de Tivoli”. “Cette personne, dont les proches étaient sans nouvelle, s’est manifestée auprès d’eux ce matin”, a annoncé lundi Mme Laurens par voie de communiqué.

Un deuxième immeuble voisin menace de s’effondrer

Signe des effets dévastateurs de l’explosion, 43 immeubles et 216 habitants du quartier – représentant 90 foyers – ont dû être évacués. Parmi ces habitants, 50 ont sollicité un relogement d’urgence. Parmi les résidents de la rue présents lors de l’explosion, cinq personnes ont été légèrement blessées et trente-trois au total “touchées”, selon les autorités.

à ne pas manquer  Socca, Londres : "Beaucoup de choses sont très bonnes, mais les erreurs déconcertent" — Critique du restaurant

Deux immeubles adjacents au 17, rue de Tivoli, les numéros 15 et 19, ont été gravement endommagés par l’explosion, mais leurs occupants ont pu s’échapper ou être secourus par les marins-pompiers. Après son évacuation, l’immeuble numéro 15 s’est effondré dimanche, ensevelissant la scène sous encore plus de débris mais sans blesser les sauveteurs.

Le numéro 19 menace toujours de s’écrouler, comme l’a rappelé Benoît Payan lundi matin. “Le 19 est en mauvais état, et à l’intérieur des cours qui longent le côté impair de la rue Abbé-de-l’Epée, il y a des débris”, a-t-il déclaré, soulignant la fragilité de la zone.

La cause de l’explosion était lundi matin toujours “indéterminée”, selon le maire de Marseille, comme l’avait affirmé la veille la procureure, notamment en raison de l’impossibilité pour les experts judiciaires d’accéder au site, non sécurisé. Mais “le gaz fait partie évidemment des pistes”, a révélé Mme Laurens dimanche, comme avant elle le préfet des Bouches-du-Rhône ou l’adjoint chargé de la sécurité à la Mairie de Marseille, Yannick Ohanessian, selon qui plusieurs témoins ont mentionné des “odeurs suspectes de gaz”.

À Marseille, l’explosion de l’immeuble ravive le souvenir douloureux de l’effondrement de deux immeubles rue d’Aubagne en novembre 2018, lors duquel huit personnes ont perdu la vie. Cependant, il est certain que les conditions de l’effondrement de l’immeuble rue de Tivoli ne sont pas liées à des conditions d’habitat insalubre, contrairement à ce qui s’est passé rue d’Aubagne, ont rappelé lundi Benoît Payan et, dimanche, la procureure.

Le journal régional La Provence a reflété l’émotion des Marseillais et Marseillaises lundi avec sa “une”, accompagnant la photo en pleine page de l’immeuble effondré capturée après l’explosion avec pour seuls mots : “Dimanche, 00 h 46, L’enfer.”